Sensibiliser les collégiens au sexisme avec le jeu Moi C'est Madame
La vision du sexisme chez les ados
Depuis le mois de mars, nous intervenons dans plusieurs classes de 3ème à Marseille, pour sensibiliser les jeunes au sexisme. Les collégien·nes ont pu découvrir le jeu Moi c'est Madame et nous ont fait part de ce qu'ils/elles vivent au quotidien.
Que ce soit des remarques sur la tenue, sur l'orientation sexuelle, ou sur ce que devrait faire une femme ou pas - même si les mentalités ont un petit peu évoluées - les ados d'aujourd'hui ne sont pas épargné·es.
Il était donc important pour nous d’intervenir auprès d’eux de manière ludique et instructive. D’abord, nous les avons interrogé sur ce que signifiait pour eux “sexisme”, “stéréotype de genre”…, et nous avons pu remarquer des disparités au sein des élèves.
Nous nous sommes rendus compte que la question du sexisme restait parfois un peu floue. Certain·es n’arrivaient pas à saisir le côté sexiste d’une attaque, à concevoir une remarque comme une « agression » voire même, ces dernier·es avaient parfois tendance à minimiser (« Moi, je le prendrais comme un compliment. » répond une élève face à l’attaque « Whao, charmante la demoiselle ! 20/20 » ; un autre un élève dit « Ben, c’est pas méchant ça » pour l’attaque « T’inquiète je suis là pour te protéger »).
À l’inverse, certain·es d’entre eux·elles sont déjà très conscient·es de ce genre de problématique présente dans notre société. Globalement, les élèves sont pour la libération de la parole et souhaitent changer les mentalités autour de l’égalité femme/homme. Grâce aux réseaux sociaux notamment, les élèves ont de plus en plus la possibilité de s’informer sur ces problématiques : les comptes Instagram féministes (comme Period Studio) ou des vidéos virales sur TikTok (avec “Sarah la crieuse”, par exemple, qui fait des bruits de dindon pour éloigner les hommes dans la rue).
@sarahlacrieuse #techniquepourfairefuirunhomme #harcelementderue ♬ son original - Sarah
Ateliers de sensibilisation au sexisme, au collège
Pour se mettre dans le bain, nous leur avons proposer d’écrire des attaques qu’ils·elles ont subi ou observé. Le but était de les faire ensuite réfléchir de manière collective et créative sur diverses réponses possibles pour déstabiliser les agresseurs sexistes. Malgré quelques retenues au départ, les élèves se sont finalement pris au jeu et la parole a commencé à se libérer. En effet, le but de ces interventions est de mettre au centre la parole des jeunes et de leur permettre d’échanger et de partager leurs ressentis.
Il est clair que les ados sont des adeptes des jeux en général et le caractère ludique de l’intervention les motive très majoritairement à s’impliquer. Un élève a même qualifié le jeu « d’addictif ». En effet, Moi c’est Madame permet d’aborder des sujets tabous de manière plus décontractée et c’est en cela qu’il a été bien accueilli. D’ailleurs, la création de l’extension jeune du jeu doit le rendre au plus proche de leur réalité et de leur quotidien afin qu’il y ait un réel impact.
Une extension spécial jeunes du jeu Moi c’est Madame
Moi c’est Madame a provoqué de manière bienveillante des interrogations et débats auprès des collégien·nes. Notamment, autour des termes inconnus (comme « frottis » ou « coupe menstruelle »), sur l’expression d’une riposte (doit-on répondre par la violence/la brutalité/le racisme/la grossophobie/le sexisme ?) ou autour du manque de représentativité des femmes dans les domaines majoritairement occupés par des hommes (certain·es se sont retrouvé·es bloqué·es pour citer trois femmes plasticiennes).
Enfin, nous avons pu également en apprendre beaucoup auprès des jeunes, notamment les nouvelles expressions et références sexistes qu’ils·elles connaissent. Voir leur implication et leur contentement à la fin du jeu, nous motive pour finaliser la création de l'extension jeunes du jeu Moi c'est Madame, qui serait une « co-construction » avec 150 collégiens de partout en France, que de nombreux profs, éduc, encadrant·es nous réclame.
D'ailleurs, si vous souhaitez en apprendre un peu plus sur l'expérience d'éducateurs spécialisés auprès des jeunes, vous pouvez lire notre interview avec Mélissandre (éducatrice spécialisée à l’EPDA de Cluses en Haute-Savoie) en cliquant ici.